samedi 25 février 2023

Via Tolosona Étape 40 : Urdos - Canfranc-Pueblo

Étape 40 : Lundi 6  Juin 2022 :           Urdos - Canfranc-Pueblo  24 km

Réveil 5h38        Départ 6h45

 

 

 

Hier soir, j'ai vu une affiche concernant un nouveau gite à Canfranc Pueblo, que l'on m'a déjà conseillé à Oloron. Je prends une photo de ce document et d'autres coordonnées d'hébergement en Espagne. Mon objectif de demain, c'est d'atteindre le col et de dormir à Candachu.

Sur ma carte locale IGN, j'ai noté que, encore une fois pour éviter la RN 134, le GR traverse le gave et parcourt les 5 premiers km à mi- pente, quitte à dégringoler de 300 m à la fin, m'ont dit les gens de Compostelle PACA. Notre hébergeur confirme. Donc mon idée, c'est de suivre le Chemin Historique sur 5 km, c’est-à-dire la RN 134, en partant tôt en ce lundi de Pentecôte. Et après de suivre le GR pour monter au col.

 

En me couchant, j'ai pris soin de sortir du dortoir l'essentiel de mes affaires et de les stocker dans la cuisine à l'étage au-dessous.

 

Quand je pars, mes collègues dorment encore ! Les 5 km le long de la 134 sont parcourus en 1h05 Je n'ai vu passer au total que 11 voitures et un camion. La route était large sauf sur 300 m à l'endroit, qui est signalé par le guide. Car ce que je vais faire est décrit avec précision par le guide de Rando-éditions de 2012, que j'utilise depuis Arles et qui me guidera jusqu'à Puente la Reina.

 

  

 Belle vue du matin.

 Par la route, col du Somport 13 km, par la route et mon Chemin, 12,2 km.

Encore un chantier, ces routes de montagne sont fragiles.

 

 Flore locale

 

  

 L'ancienne auberge du Peilhou, qui était signalée désaffectée en 2012 dans mon guide, a repris du service, car le col du Somport est une zone de sports d'hiver. C'était peut-être une gare autre fois.

 

 Clôture originale.

 

 

  

Je suis ainsi à 8h00 à la ˮ Borne de Peilhouˮ(1015m); il me reste 615 mètres de dénivelé à monter en 6 km, cela une pente moyenne de 10%. Ils prévoient 2h15, cela me prendra 2h30.

 

  

 En bonus, borne jacquaire

 

On passe sous la voie de chemin de fer et on attaque la montée, sentier en sous-bois, pente régulière.

 

 P.N. = Parc National ?                                                                                Là, c'est un peu fangeux

 



La pente est régulière et me convient très bien. En fait on suit plus ou moins la nationale, mais dans les bois. Les alpages apparaissent. Et une ligne électrique, c'est bon signe.


  

Superbe paysage !                                                                                      Faune locale

On arrive dans zones de prairies humides voire marécageuses. Mais quelle belle flore !

  

 Des iris.

Plantes de marécages que j'ai déjà vues en Norvège.


On coupe la RN134. Allez encore un petit effort, encore 2,3 km à travers les alpages.

  

 

 

Col en vue, je commençais à être un peu essoufflé, il faut dire que je n'ai pas fait d'arrêt dans la montée.

 

 

 Je n'avais pas remarqué la borne frontière avec tous ces nouveaux bâtiments.

 

  

  

 10h30 au col !

J’en suis tout surpris, voire abasourdi !

 Et voilà l'Espagne pour laquelle le Chemin de Compostelle, c'est important, bien plus qu'en France, il faut l'admettre.

 Mais coté langue, c'est une autre histoire, il va falloir que je me débrouille avec mes rudiments d'espagnol.

  

 Un peu de géographie. En quittant sur la France, je suis entré dans la région de l'Aragon. Dans le département Huesca et dans la "commarca de Jacetania"(qui contient Jaca). En fait, je ne sais pas comment s'organise l'Espagne.

 

Vu l’heure, je me retrouve tout heureux et aussi tout bête; je ne vais pas m'arrêter à cette heure-ci !

Allez, descente sur Canfranc-Estación c'est à 7 km et après, je verrai bien.

Fléchage jaune. 857,9 km pour Compostelle, désolé je m'arrêterai à Puente la Reina. Au col, il y avait l'alberge AYSA, mais ce ne sera pas pour aujourd'hui.

  

 

 


Maintenant, je vais suivre le Rio Aragón et la nationale 330. Les voilà à ma gauche.

 

 

 La station de sports d'hiver de Candanchu.

 

 

 Et les restes du monastère-hôpital San Christina.

https://espagnefascinante.fr/lieu-a-visiter/que-voir-a-aragon/que-voir-a-huesca/les-ruines-de-santa-cristina-de-somport-lun-des-trois-grands-hopitaux-sacres-du-moyen-age/

 

"Il y a des endroits et des moments où l’aide n’est pas un luxe. Elle est un besoin. Somport était l’un d’entre eux à l’époque médiévale. Un passage frontalier clé entre les territoires aragonais et occitan. Son propre nom indique Summus Portus, “le plus haut col”. Les Romains l’utilisaient déjà, et cela continuera à perpétuité. Ce ne veut pas dire qu’il n’était pas dangereux. Surtout en hiver, s’aventurer à le traverser était un grand défi. C’est pourquoi le prieuré et l’hôpital de Santa Cristina étaient si appréciés, un centre de piété qui sauva plus d’un voyageur.

Avant la construction du monastère aragonais, il existait déjà une série de maisons destinées aux fidèles et aux voyageurs. Il s’agissait en fait, de trois maisons dirigées par un ermite nommé Hugo. On le sait grâce à des documents de donations du roi de Pampelune et d’Aragon Sancho Ramírez, en l’année 1078, selon l’historien J.L. On a González. Peu de temps après, le prieuré fut édifié (dont il ne reste plus que les fondations), grâce à l’argent apporté par nobles et rois sans interruption pendant des siècles.

C’était un véritable complexe centré sur le Chemin de Saint Jacques, mais qui recevait tous les voyageurs qui le demandaient. Il y avait donc une église à côté de laquelle se trouvait un cimetière. Un certain nombre ne réussissaient pas à surmonter la fatigue et finissaient par être enterrés dans une tombe à côté du temple. Il y avait aussi un ermitage et des enclos résidentiels pour les moines. On voyait aussi le palais du prieur et l’hôpital lui-même. Taverne et auberge étaient aussi présentes pour ceux qui avaient l’esprit et la force de faire le voyage rapidement.

Les plus faibles recevaient des soins pendant trois jours pour récupérer et un temps indéterminé si leur santé était très touchée. Une œuvre louable qui fit grandir la renommée du lieu au cours du XIIième siècle. Le Codex Calixtinus, dans sa partie consacrée à décrire le Chemin de Compostelle, le place entre les trois hôpitaux les plus importants de toute la chrétienté médiévale, Unum Tribus Mundi. Seul l’Hôpital de Jérusalem et celui du Grand-Saint-Bernard (entre la Suisse et l’Italie) étaient à la même hauteur. Une comparaison qui parle avec éloquence de la réputation du monastère aragonais.

La légende des chevaliers anonymes

Loin était la légende médiévale des Chevaliers Anonymes du Somport lorsque l’endroit fut détruit. Selon le récit populaire, dont il y a plusieurs versions, un petit groupe traversait le Summus Portus en pèlerinage lorsqu’une tempête de neige se déchaîna. La situation devint des plus graves. Conscients du grand danger et des difficultés du col les chevaliers firent la promesse d’élever un petit centre d’accueil s’ils en réchappaient. Une colombe blanche avec une croix dans son bec surgit du néant au point du jour (ce deviendra l’emblème de l’ordre). Leur histoire s’est répandue et telles furent les donations, qu’elles permirent la création du grand hôpital et de l’Ordre de Santa Cristina. "

  

 Surprenante résidence avec de nombreuses cheminées très hautes. Y a-t-il un chauffage individuel dans chaque logement?                                                  A gauche de ce vallon, les pistes de ski.

 

 

 

Flore locale    Une ancienne casemate pour se protéger de l'envahisseur français. 

 

Ça monte, ça descend, mais c'est bien aménagé.

 

 

4 

 Là, on prend l'ancien tracé de la  route 130, cela dessert maintenant le camping de Canfranc-Estación.

 Encore un petit sentier. Je fais confiance au balisage jaune; car le rouge et blanc pourrait concerner des GR espagnols.

  

 Canfranc-Estación à 12h30                                        La gare au loin.

 

 

 

  

Et tout de suite aussi, la sortie du tunnel ferroviaire.

 

 Le côté français, je n’ai pas vu l’entrée. Côté français RF en grand.

 

 Côté espagnol, le blason a disparu. A-t-il été martelé peut être pour des raisons politiques ? Bizarre.

 

 La gare internationale du Canfranc, la deuxième plus grande gare d'Europe.

Les travaux de rénovation se terminent.

 "La gare de Canfranc, située sur la ligne du transpyrénéen occidental (ouverte en 1928) n’a pas connu le trafic attendu lors de sa construction. Symbole de tout un pays souhaitant afficher son dynamisme et sa modernité en s’ouvrant sur l’Europe, cette vaste station internationale a fait l’objet d’un projet architectural et urbanistique considérable pour ne pas dire démesuré au regard du trafic ferroviaire actuel (supprimé côté France depuis 1970). Perdue dans un paysage de haute montagne, la deuxième plus grande gare d’Europe représente un patrimoine exceptionnel pour de multiples raisons, tout particulièrement parce que le paysage ferroviaire qui se présente au visiteur est absolument unique. Les acteurs espagnols se concentrent aujourd’hui sur la rénovation de l’emblématique bâtiment des voyageurs. Le reste de l’emprise est gagné un peu plus chaque jour par l’abandon et la friche et devrait à terme être transformé en espace urbain (d’après le projet d’architecte retenu). Ce choix d’un démembrement programmé de l’emprise ferroviaire, et d’une réaffectation en grande partie non ferroviaire, répond certes au désir de valoriser ce lieu mais détruit ce qui pourrait constituer le plus vaste conservatoire de l’histoire du chemin de fer occidental. "

 Canfranc : histoire d’une gare fantôme d’altitude

Par Yann Lagarde      Publié le vendredi 27 décembre 2019 à 18h08 https://www.radiofrance.fr/franceculture/canfranc-histoire-d-une-gare-fantome-d-altitude-5286200

 

"Terminus dans les Pyrénées, où se trouve la plus grande gare fantôme du monde, ce "Titanic des montagnes". Un bijou architectural oublié.

On l’appelle le “Titanic des Pyrénées”. C’est la 2ième plus grande gare d’Europe, nichée à 1200 mètres d’altitude. Voici l’histoire de la gare fantôme de Canfranc.

Joseph, dernier chef de gare français à Canfranc : "Quand je ferme les yeux, je vois la gare en activité. Je croise des trains, du personnel, des voyageurs. Ce qu’après, pendant 15 ans je n’ai plus revu."

C’est un projet fou qui émerge en 1853. Une ligne ferroviaire internationale pour relier Pau et Saragosse, en traversant les Pyrénées. Il s’agit aussi de réconcilier deux peuples européens après les guerres napoléoniennes. Pour construire cette ligne, les ouvriers vont creuser la montagne. Il faut bâtir des dizaines de tunnels, de ponts et de viaducs. Les travaux vont être retardés plusieurs fois avec les guerres de 1870 et de 1914. 

L’Espagne imagine un bâtiment grandiose, véritable porte d’entrée sur le royaume. La gare, construite côté espagnol est un chef-d’œuvre du style arts déco de 241 m de long, avec 75 portes d'affilée. Elle est inaugurée en grande pompe en 1928, en présence d’Alphonse XIII, le roi d’Espagne qui dit à cette occasion “les Pyrénées n’existent plus”.

Pourtant, entre la naissance du projet et son inauguration, 75 ans sont passés. L’automobile s’est développée, remplaçant peu à peu le ferroviaire. Et rapidement, la fréquentation est bien en dessous des attentes. Il faut une journée entière pour faire Pau-Saragosse, distantes de seulement 187 km.

L’écartement des rails n’est pas le même en France et en Espagne, il faut donc changer de train à Canfranc, ce qui provoque de longues files d’attente. Puis en 1931, un incendie endommage même la gare.

Pendant la guerre civile espagnole, les franquistes s’emparent de la gare, laissant le trafic suspendu entre les deux pays. Il ne reprend qu'en 1940, période pendant laquelle la gare connaît une grande fréquentation jusqu'à la fin de la guerre. L’Espagne franquiste envoie des convois de minerais en Allemagne. C’est aussi par cette gare que transitent des réfugiés français, des Juifs, des résistants.

Après la guerre, la gare est peu à peu désertée. Les contrôles douaniers sont longs et sévères, les correspondances sont peu arrangeantes. La gare n’accueille plus que 50 voyageurs par jour.

En mars 1970, un train transportant du maïs déraille, entraînant la destruction d’un pont. La SNCF suspend la ligne, signant l’arrêt de mort de la gare. Quelques trains continuent de circuler côté espagnol, mais la gare devient un bâtiment fantôme. Le site est pourtant très prisé des touristes et des amateurs d’exploration urbaine.

René, habitant de Canfranc : “Mon grand-père disait avec le progrès qu’il va y avoir, nous allons développer le trafic sur cette ligne. Malheureusement, c’est le contraire qui s’est produit“.

Depuis les années 1980, des associations et des élus militent pour la réouverture de la ligne dans une zone saturée par le trafic des poids lourds. Mais le coût est colossal et les obstacles sont nombreux. Le “Titanic des Pyrénées” ne se réveillera pas avant longtemps. "

 

 

 Photo de l'inauguration de la ligne en 1928.

  

Canfranc-Estación s'étire le long de la N330. En face de la gare, il y a quelques boutiques: bar, restaurant, alimentation. J'en profite pour me ravitailler pour le soir et pour fêter mon passage du col devant des pommes de terre à l'espagnole (pomme de terre frites sauce piquante). Conclusion de mes réflexions, cap sur Canfranc-Pueblo, en fait le village d'origine, où un gite municipal, que je n'imaginais pas atteindre, vient d'être rénové. C'est à 5 km.

  

 L'arrivée du tunnel routier du Somport.  Lundi de Pentecôte férié ou pas férié ? C'est compliqué à expliquer  à un étranger……

 

 

 Le Chemin prend le tunnel, comme les voiture, mais derrière un rail de sécurité.

 

 Barrage hydroélectrique sur le Rio Aragòn.

  

Défenses diverses contre l’envahisseur potentiel français.

   

  Ambiguïté de GR           

 

  

                                                                       Village en vue !

 

 

 "Canfranc Village", nommé "Canfranc-Pueblo".   Pourtant Pueblo veut dire Peuple.

 

 

La RN 330 l'évite, mais autrefois, elle devait passer par la rue principale qui lui est parallèle.

   

                                    Le gite est en face du wagon de chemin de fer.                      Maison à retaper

 

 

Au bord de la rue divaguent les canards, des chats aussi.  C'est très tranquille.

 

 En préparant mon départ de demain, je découvre ces ruines.

 

 

 

 

 Belle maison du village

 

 

 L'albergue


La vue de mon dortoir

Je suis accueilli par deux hospitalières américaines, qui souhaitaient être dans un coin tranquille. Ici, c'est le cas. Le gite est grand: dortoir au premier étage et cuisine séjour au second. Elles me proposent de laver mon linge, qui sèchera vite sur un séchoir en terrasse. Le gite est en donativo. Je choisi un lit avec vue sur la rue et donc l'église. En bonus un vieux wagon de chemin de fer, qui aurait besoin de quelques soins. Mes hôtesses me proposent de partager le dessert. Demain matin, le petit déjeuner est fourni. Il faudra que j'ajoute quelques euros au donativo.

La nuit précédente, j'ai été un peu gêné par des courbatures, on verra bien cette nuit.

 

 

A 20h30 arrive un espagnol tout essoufflé. Il vient de Sarragosse, Il est arrivé en train à Canfranc-Estaciòn et a déboulé à Canfranc-Pueblo. Demain, il prendra un car pour le Col du Somport d'où il commencera son Chemin. Coucher 21h30.

  

 

Il est sûr que de bons gites attirent les pèlerins sur ces Chemins moins connus. Il faut reconnaître que cela coute vraiment cher aux régions, mais elles se font connaître ainsi. Les communes du Chemin de Paris l'ont compris.

 

 

 Un très bon gite en donativo, à recommander !

 

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