Petit bilan :
Cela faisait plus de 30 ans que je rêvais de mettre mes pas
dans ce Chemin suivi par les " pèlerins de Compostelle". Ces
"fous de Dieu", qui parcouraient l'aller et le retour, suite à une
promesse faite ou à la recherche d'un pardon. Au total, depuis le Puy en Velay,
j'ai parcouru 742 + 784 = 1526 km. Sachant que je parcours 40 cm à
chaque pas, cela fait environ 3 815 000 pas; Mes pieds n'en ont quasiment pas
souffert, mais mes chaussures sont un peu usées. J'ai une pensée émue pour les
pèlerins d'autrefois qui devaient revenir à pieds, car en fait à Santiago de
Compostella, ils n'étaient qu'à mi chemin et comme ils devaient le parcourir en
une seule fois, cela devait représenter 4 mois successifs de marche. J'entendais
parler de gens qui avaient suivi ce Chemin, ces 15 dernières années, mais cela
restait impersonnel. Et puis un soir de Mai 2012, nous sommes allés diner à
Paris chez une personne de 70 ans. Elle nous a raconté qu'elle avait parcouru
ce chemin d'une seule traite en 2 mois et en se faisant porter son sac. Mon
épouse allait être en retraite et immédiatement, elle décida d'y aller. Je
l'aidais par quelques conseils et elle y
partie avec son sac de 3kg (ultralight). Elle le parcourut en 2 fois, et en Mai
2013, elle était à Compostelle. Moi, pendant ce temps-là, je travaillais et je
gardais les chiens. Mais elle m'a bien montré que c'était faisable et dès que
j'ai été en retraite, fin Septembre 2014, je me suis mis en marche. Ce fut un
mois d'Octobre splendide et de fut un grand plaisir d'aller du Puy à Saint Jean
Pieds de Port en Octobre 2014. Des gites tranquilles, des chapelles et des
églises ouvertes partout qui étaient d'agréables points de pause chrétiens.
Vraiment, je conseille aux gens de parcourir la partie française. En Septembre
2015, j'ai repris mon bourdon, mon sac à dos et ma besace pour parcourir la
partie espagnole. Il y a 4 fois plus de monde sur ce tracé, mais en Octobre,
pas besoin de réserver et c'est bien agréable. Les espagnols furent aimables et
répondirent gentiment à mes questions posées en un espagnol rudimentaire. Mon
équipement leur indiquant mon statut de pèlerin les y a probablement
encouragés, mais les commerçants étaient aimables quand je faisais mes courses
"en civil". Les gites municipaux ou provinciaux étaient propres et
bien tenus. Ce fut une belle randonnée, mais l'aspect chrétien y était moins
fort, car les églises espagnoles étaient presque toutes fermées sur le Chemin.
J'ai assisté à quelques offices en chemin, mais ils étaient en basque ou en
espagnol, ce qui en minorait l'intérêt. Finalement, j'ai apprécié ces retables
espagnols tout dorés et j'ai eu plaisir à visiter les cathédrales, qui étaient
sur mon chemin, mais je n'ai trouvé une atmosphère vraiment chrétienne que dans
un gite tenu par des religieuses et à la Cathédrale de Compostelle. Dans cette
cathédrale, même si on n'est pas catholique, même si on ne se sent pas concerné
par le culte des saints, un courant passe. On se sent loin du pays aussi, et
cette communauté de croyants ne peut laisser indifférent. Ceux qui ont lu mon
texte, ont pu remarquer que l'on est seul sans l'être. Dans ce "Royaume
errant", on voyage avec beaucoup d'autres personnes, mais on se parle peu
en route, car chacun a son mode de cheminement. Le soir, il y avait une grande
convivialité entre les jeunes et cela me tenait compagnie. La barrière de la
langue gène la communication, mais parlant anglais et italien, j'ai pu parler
un peu avec d'autres pèlerins. Mais certains espagnols ne parlaient
qu'espagnol; nous ne pouvions que nous sourire. Quand cela a été possible, parler
en français était bien agréable avec les rares québécois et français rencontrés.
En communion avec les pèlerins d'autrefois, j'ai choisi des hébergements
simples, donc en dortoirs. D'autre part, pour l'alimentation, j'ai préparé mes repas
le plus souvent possible. De toute façon, cette vie simple me convenait parfaitement.